I think that it is necessary to put things in the light [PV Ella]

Je soupire. Me voila devant la maison d'Ella, et je me demande combien de résolutions m'ont amenés ici. Parce qu'en ce moment, aucune ne perce. Je dois mettre les choses au clair. Et pourtant, je sais que je vais être sans défense en face d'elle. Je baisse la tête. La neige est encore très présente, et les flocons tombent sur ma chemise noire. J'ai sorti les lunettes de soleil, mais c'est uniquement parce que mes yeux rouges sont très sensibles à la neige.
Ou bien, est-ce une barrière fictive pour faire face à Ella. Je me gratte les cheveux et inspire profondément. me présentant sur le palier, ma main se stoppe devant la sonnette, patiente un peu, et retombe lourdement le long de mon corps.

Je n'ai que deux choix, plus dur l'un que l'autre :
-J'accepte de servir de garde-manger à Ella, et j'ai le droit de rester avec elle.
-Je quitte Ella et j'ai 99,9% de chance de me faire tuer avant d'avoir le temps de m'excuser. En même temps, c'est pas vraiment que j'ai pas envie de me faire tuer, mais plutôt parce que je n'ai pas envie de quitter Ella.

À quoi ça sert de se torturer l'esprit ainsi devant la porte d'entrée de la personne concernée. A près tout, c'est juste un mauvais moment à passer. Me voilà résolut, mais pour combien de temps encore? Je sais parfaitement que derrière ma carapace blindé et peut-être effrayante, il y a un cœur pur et fragile. Je sais parfaitement que lorsque je vais entrer chez elle, cette carapace sera brûlée, et je serai à découvert. Si j'étais un peu plus fatiguée qu'actuellement, j'aurais certainement versé une minuscule larme. Mais ce n'était pas le cas.
Syeri me suivait en silence depuis le moment où j'étais sorti de ma maison. Je sentais sa tension et les pulsations de son cœur comme si c'était les miens. Je l'entendais crier intérieurement de me demander de faire demi-tour. Il se torturait l'esprit, et me torturait par la même occasion. À moins que tout cela ne vienne de moi. Je me mordais la lèvre.

Syeri observait la porte d'entrée avec intensité. Elle savait parfaitement que je n'allais pas partir avant d'avoir fait ce que je devais faire. Et pourtant, elle saisissait l'unique chance de me faire reculer, de me faire perdre espoir. Cette unique chance, cette infime chance de me faire tourner les talons, c'était Jennifer.
Pourquoi? Tout simplement, parce que même si je ne l'aime pas au même point qu'Ella, elle reste ma première rencontre, et ma plus haute estime pour une personne.
Lorsque j'ai appris qu'Ella et Jennifer se détestait, c'est comme si mon cœur se déchirait en deux. Évidemment, je suis trop sot pour oser dire à Jennifer qu'elle est une véritable amie pour moi.
Enfin, je ne veux pas parler de ça.
Syeri possède les même sentiments pour Ella que depuis le moment où nous avons rencontrés Strify. Autrement dit, elle n'entretient pas de bonnes relations avec elles. Elle a peur de la retrouver. Et elle sait que seule ma décision comptera.
Elle sait aussi pertinemment que j'hésite énormément.
Je m'apprête à faire demi-tour, à retourner dans la neige, à faire les cent pas dans ma maison, lorsque la porte s'ouvre brusquement. Je sursaute.

J'affronte son regard... I think that it is necessary to put things in the light

C'était le jour de Noël. Ella était le monstre de complexité qu'elle avait toujours été, torturée par ses sentiments, et par les ressentis. Elle était à la fois heureuse, car il y avait de la neige comme le voulait la tradition, et triste, car elle n'avait personne pour le fêter, comme chaque année depuis près de 93 ans. Mais résolue à son triste sort, elle avait décidé de sortir faire un bonhomme de neige. Après tout, sa rencontre avec Jamie n'avait-elle pas ravivé une étincelle d'humanité qu'elle croyait perdue à jamais ? Aujourd'hui, avec tout ce qui tournait autour de Luka, on ne parlait pas de guerre. Alors elle était libre de faire ce qu'elle voulait, EN PAIX.

Mais quand elle ouvrit la porte, ce n'était pas que la neige, qu'elle croisait, c'était aussi Jamie. Une bouffée de chaleur remonta jusqu'à son coeur, et sa poitrine se gonfla avec la joie. Un sourire irradiait son visage anguleux.

- Jamiiiie !

Elle lui sauta dans les bras et le serra contre elle. Puis elle prit conscience de son geste instinctif et de sa dangerosité potentielle et se retira vivement.

- Oh mon Dieu ! Je suis désolée ! Oh mon Dieu ! Je ne t'ai pas fait mal au moins ? s'inquiéta-t-elle en mettant ses mains devant sa bouche, dans un geste affolé.

Elle était tellement heureuse de le voir ici, là, maintenant, qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de donner cette démonstration affective, oubliant totalement la force qui coulait dans ses veines. Mais heureusement, il semblait encore entier, et son léger sourire n'avait pas disparu. Sûrement parce qu'elle n'avait pas encore mangé. Elle devait y aller après le bonhomme de neige. D'ailleurs...

- Tu sais quoi ? J'allais faire un bonhomme de neige ! Tu viens ?

Elle caressa rapidement la tête de Syeri. Elle n'avait pas envie de s'opposer au daemon de son... petit ami ? (:

- Si tu veux, il y a un feu à l'intérieur, s'exclama-t-elle en passant ses doigt dans la fourrure aussi soyeuse que gelée.

Mais alors qu'elle reportait son attention sur Jamie, et lui tendait la main pour qu'ils aillent ensemble dans le jardin derrière le manoir, elle surprit une lueur inquiète dans son regard.

- Qu'est-ce qui se passe Jamie ? ça ne va pas ? demanda-t-elle doucement en reposant sa main comme si elle avait été brûlée.

Elle avait un très mauvais pressentiment, et ne savait pas s'il était justifié. Elle se mordit la lèvre. *comment ai-je pu croire que tout irait bien ? Que sa vie allait prendre un tournant heureux ? Qu'elle allait être heureuse ?* Ella sentit les larmes de sang lui monter aux yeux. Il y avait quelque chose de tellement froid sur son visage...

*Quelle conne. Ma pauvre fille, tu es vraiment ridicule. Tu croyais sincèrement qu'un gars comme ça voudrait d'un vieux cadavre froid ? D'un monstre des forêts ?* Cette fois, elle pleurait réellement. Alors qu'il n'avait pas dit un mot. C'est quand même dingue à quel point les sentiments vous gouvernent.

La peur. La honte. L'amour.

La jeune femme se cacha le visage dans les mains. Maintenant qu'elle avait le visage ensanglanté, il n'avait plus qu'à partir en courant. Elle lui facilitait les choses somme toute. Ses sanglots redoublèrent.

Je ne savais que répondre... Je ne savais même que dire. Je n'avais prononcé aucune parole de celles qui devaient la toucher mentalement. Je n'avais esquissé aucun geste, et c'est certainement cela qui dû la choquer.
Syeri était figée dans la neige, ses pattes n'osaient avancer. Pour une fois, elle restait de marbre, et sa lueur de vie dans ses yeux si animés était éteintes. Elle fixai Ella sans émotion. Je ne savais pas quoi dire. Les mots refusaient de sortir de ma bouche. J'étais aussi figé qu'un bonhomme de neige.
Ella commençait à pleurer du sang, et je frissonnai. Encore une preuve que c'était encore un vampire. En même temps, elle va pas cesser d'être vampire comme ça. Je soupirai. C'était la seule chose que je pouvais faire. Le sang qui s'écoulait des yeux d'Ella me rappela la promesse faite à Strify. Je me sentais faillir.
Allais-je m'en aller en courant, abandonner le seul être auquel ma vie est durement accrochée? Ou bien, allais-je affronter la vérité, accepter ce qu'elle est, et l'aider de tout mon être? Quitte à choisir, je préférais la première solution. Mais pour une fois, ça aurai été trop facile. Assume au lieu de fuir.
Respirant un bon coup, je m'obligeais à bouger. Entourant Ella de mes bras, je sentais les gouttes de sang se répandre sur ma chemise. Je n'aurai plus qu'à rentrer sans rencontrer personne, sinon on croirait que je me serai fait taper. J'aurais préféré cette option... La réconciliation, ce n'était pas mon fort.
Ella stoppa ses pleurs lorsque je lui demandais de se calmer. Puis, je décidais de parler franchement :

-J'ai rencontré Strify, ou plutôt, il s'est invité chez moi. Bref, là n'est pas la question. Il m'a prévenu de tes "besoins" naturels en tant que vampire. Et je lui ai promis - sans quoi il m'aurai tué - que j'allais t'approvisionner en sang. Mais franchement, j'avoue que ça me fait franchement flipper. Alors, ben voilà, j'ai tout dit. C'était ça ou te quitter. Mais je n'ai pas envie de te quitter, parce que voilà... je... je t'aime très fort et je t'aimerai encore, comme tu es.

Je sentais mon cœur battre plus vite, et avoir soudainement plus chaud. Évidemment, il fallait que je rougisse. Pour une fois, je laissais mes sentiments s'exprimer. Je n'avais plus qu'à attendre la réponse d'Ella, et j'espérai qu'elle comprendrai ce que je ressens. Je fermais les yeux, et serrait mon étreinte un peu plus fort. Je me mordais la lèvre et demeura silencieux. Puis, je détachai l'emprise de mes bras sur Ella et me décala de quelques mètres. Syeri baissa la tête et se coucha dans la neige, l'air d'attendre quelque chose apparemment. Je ne réussissait pas à savoir ce que c'était. C'était comme si sa communication avec elle était coupée.

Ella fut tout à fait surprise de la réaction de Jamie. Mais elle s'était blottie avec plaisir dans ses bras. Elle avait senti que ses larmes tachaient sa chemise et s'en voulait pour ça, mais il avait réussi à la calmer un peu, même si elle tremblait encore. Trop d'émotion tue l'émotion.

- Jamie... gémit-elle, je t'aime aussi. Plus que je n'ai jamais aimé personne... et c'est ce qui me fait peur.

Elle ferma les yeux et sentit encore les bras de Jamie l'enlacer plus fort. La chaleur de son corps s'était communiquait à elle. Elle s'était réchauffée doucement, comme un gros chat près du poele. Son coeur battait. Elle avait entendu, senti le sang en lui. Mais elle ne ressentait pas ce qu'elle aurait normalement dû ressentir. Le besoin bestial de le boire. C'était juste... quelque chose d'agréable. Limite une berceuse. Accompagnée d'un parfum sucré et raffiné. Bien sûr, si son sang c'était mis à couler, là, par terre, elle se serait jetée dessus comme un loup affamé dans une rivière. Mais tant qu'il était à l'intérieur de la peau de Jamie, elle se maîtrisait instinctivement.

- Personne ne m'a jamais aimée. On m'a toujours utilisée. Mais avec toi, je me sens bien. J'ai l'impression que tu me comprends, et j'espère que c'est vrai... Je sais que je n'aurais pas dû entrer dans ta vie, c'est méchant pour toi, parce que je suis quelqu'un de mauvais, et que je suis damnée et que... Ella renifla. Mais je suis désolée, je n'aurais jamais la force d'en ressortir maintenant !

Les larmes continuaient à couler, et elle jetait un regard désespéré au jeune homme.

- Je suis vraiment, vraiment désolée que Strify soit intervenu là dedans, et je te jure que je n'y suis pour rien. Enfin, si, bien sûr, soupira-t-elle, mais indirectement. Je ne t'aurais jamais mis au pied du mur, Jamie... Laisse moi t'expliquer, dit-elle en fermant les yeux. L'autre soir, j'ai eu une réunion express avec lui, et j'ai fait la bêtise d'y aller avant de manger. ça faisait trois jours, j'étais extrêmement faible, il l'a vu et... il m'a offert le sien, comme il avait déjà fait quelques fois. Enfin bref, je sais que ce n'est jamais agréable pour lui et tout, mais je dois avouer qu'il a eu raison de te mettre au courant... je n'aurais jamais osé t'en parler plus sinon... mais il faut bien dire que depuis que je suis avec toi, je n'arrive plus à me nourrir d'humains... murmura-t-elle honteusement. C'est un truc, un peu trop intime et, j'arrive pas. La dernière fois je l'ai laissé partir comme un fou. Et il n'y a plus d'animaux cet hiver...

Ella commençait à paniquer. Elle sentait que pour Jamie, c'était l'échec complet. Ella = dead. Il l'a dit lui même, elle le faisait flipper. C'était catastrophique. Terrible. Horrible. Anéantissant. Terrifiant. Effrayant. Effroyable. Affreux. Epouvantable. Dangereux. Redoutable. Dramatique. Tragique. Et tout était de sa faute.

- Mon Dieu, je ferais mieux de me SUICIDER. De courir chez ces abrutis de passeurs. Encore que peut-être ils ne savent pas comment tuer un vampire... Mais ça serait tellement mieux pour tout le monde ! Oh, Jamie, tu dois te dire que je suis folle. Mais c'est toi qui est fou... peina-t-elle à articuler dans un pauvre sourire. Qu'es-tu venu faire avec moi ? Je suis... UNE GROSSE ERREUR DE LA NATURE ! s'exclama-t-elle dans un cri hystérique avant de se remettre à pleurer.

- Je m'excuse pour tout le mal que je te fais. Si tu savais à quel point je m'en veux... Je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie.

* Et savoir que tu m'aimes me fait autant de bien que de mal... J'ai peur pour toi, Jamie, j'ai peur de moi... *

Elle s'était calmée. Cela me rassurait d'un point de vue. Je l'aimais, et je pouvais le lui répéter des dizaines, des centaines de fois. Le nombre de fois qu'elle le voudrait. Seulement, elle s'en voulait, et ça je le sentais trop, beaucoup trop, et chaque tremblement de son être me donnait un choc sur le cœur.
Elle essayait de s'expliquer entre deux hoquets, et je devinais dans ses longues phrases pleines de sens, elle s'excusait de tout son être.
J'ouvris de grands yeux quand elle commença à parler de suicide. Ella, se suicider? Non! Je l'arrêterai au péril de mon âme! J'étais conscient d'être moins fort qu'elle, mais il fallait assumer le fait d'être homme, et d'aimer la femme de ses rêves. Je ferais tout pour elle.

- Je suis... UNE GROSSE ERREUR DE LA NATURE !

Je soupirai. Je voulais lui répondre, mais préférait attendre qu'elle "vide son sac". Je savais très bien qu'elle me parlerai encore, même si elle se parlait plus à elle-même qu'à moi. Elle voulait s'expliquer à elle-même, comprendre ce qu'elle était. Elle cherchait tantôt ses mots, et quand elle les trouvait, elle pouvait enchaîner tout un discours. Elle me faisait mal au cœur. Je m'accroupis dans la neige, et câlinai une Syeri pétrifiée.

- Je m'excuse pour tout le mal que je te fais. Si tu savais à quel point je m'en veux... Je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie.

C'en était trop. Me relevant, je fis face à Ella. Elle leva des yeux suppliants, et je l'embrassai fougueusement. Rompant ce baiser bref mais suffisamment explicite, je répliquais :

-Premièrement, ce n'est pas grave pour Strify. De deux, tu n'as pas intérêt à te suicider pour un mec comme moi. De trois, tu n'es pas une erreur de la nature, puisque j'en serai un aussi dans ce cas. De quatre, tu ne me fais pas de mal, donc tu n'as pas à t'en vouloir pour quelque chose que tu n'as pas commis. Ok?

J'avais prononcé ça sur un ton froid, sans vouloir le vouloir. Je n'étais pas doué pour les sentiments, mais je pense l'avoir répété assez de fois pour que tout le monde comprenne. Bref! Comme pour confirmer ce que je dis, je continuais sur ma lancée :

-Si j'ai promis à Strify de t'aider, alors je le ferais. De la façon que tu voudras. Alors du moment que ça vient de moi, tu n'as pas à te sentir coupable.

Elle tenta de répliquer mais je lui mis mon index sur la bouche.

-N'essaye pas de trouver un motif quelconque! Je t'aime, c'est la seule chose importante : "Quand on aime, on ne compte pas". D'accord?

Elle baissai les yeux. je lui embrassai le front, trifouillai ses cheveux, et l'enlaçai à nouveau.

Ella sourit timidement et serra les mains de Jamie dans les siennes. ça lui faisait beaucoup de bien d'être simplement là, avec lui, au milieu de tout, au milieu de rien, entourés par la neige et sentant son coeur à lui battre près de sa poitrine à elle, même si celle-ci était vide depuis des lustres.

- Tu es quelqu'un de bien, Jamie... murmura-t-elle. J'espère tellement pouvoir te cotoyer comme je le désire sans te faire de mal...

Elle ne pouvait s'empêcher de penser à toutes les atrocités qu'elle avait pu commettre, du premier bûcheron, à sa soeur, jusqu'à Tom il y a peu, en passant par les gens tués ici, avant, après ? Elle ne pouvait pas s'empêcher de boire du sang, elle en avait besoin, sans quoi, elle se momifierait jusqu'à ce qu'on la tue. 3.000 degrés minimum. Mais c'était déjà ça. Elle ne pourrait jamais effacer le mal qu'elle avait fait. Elle ne pourrait jamais être pardonnée. Et...

- Je ne pourrai jamais assez m'excuser, implora-t-elle. Et jamais assez te remercier non plus. D'être là, de me tolérer, de me comprendre. Et... et si tu m'offres ton sang, je te remercie, du plus profond de mon coeur, et je t'assure que je n'abuserai pas de toi et... et que j'essaierai de ne pas te faire de mal... ajouta-t-elle en levant doucement la main vers le visage de Jamie. Elle lui donna doucement une caresse, puis se pencha, et, montant sur la pointe des pieds, lui donna un tendre baiser.

- Tu n'auras qu'à me dire quand tu seras prêt. Mais si, avant ça, tu veux me poser des questions, pour te rassurer un peu, tu n'as qu'à me le dire ! Mais sa voix se cassa sur cette dernière phrase et elle tourna la tête, sentant les larmes remonter jusqu'à ses yeux. Oh Jamie, j'aimerais tellement être une fille normale, que tu pourrais aimer sans te poser 130.000 questions. Parce qu'à chaque bouffée d'air que tu prends, j'aurais le temps de te tuer 6 fois. C'est atroce !

A peine calmée, voilà qu'elle reflippait totalement. Elle s'éloigna de Jamie d'un geste vif. Elle était presque adossée à la maison, et se faisait tout à fait horreur. Elle était le mal incarné pour toutes les personnes qu'elle aimait ! Elle était mauvaise de par sa nature, un danger de par ses pulsions, et la mort incarnée dans ses gestes. Tout en elle respirait la mort. Elle n'était qu'une... machine à tuer. Si ça n'avait pas été son propre cas aussi tragique, elle en aurait hurlé de rire. Un vampire, qui aime ? HAHAHA.

- Tu devrais vraiment aller avec Jennifer. Elle t'aime beaucoup tu sais, je pense, parce que sinon, on ne se ferait pas la guerre comme ça. C'est de la jalousie mutuelle, j'imagine. Mais vraiment, elle vaut mieux que moi... Tu ne devrais pas me fréquenter Jamie....

Puis, mue par son instinct, et passant du chaud au froid, du soleil à la lune, du rouge au bleu et de la soie à la toile, comme elle en avait l'habitude, elle se rapprocha en moins d'un millième de secondes et se suspendit à son cou.

- Sauf que je sens que je ne le supporterait pas...

Je frissonnai au moment où elle commençait à parler de sang. Des questions? Bien sûr que je mourais d'envie de lui demander les mille et une choses qui me trottaient dans la tête. Mais pour l'instant, je n'en avais pas la force.
Puis, elle reparla de sa fonction de vampire, de ses besoins naturels, et repartie sur l'horrible monstre qu'elle se disait être. J'avais envie de lui murmurer que du moment que je l'aimais, je ne ferai attention à rien d'autre qu'à elle. Le physique n'est rien, seul ce qui est à l'intérieur compte. Je mis mes mains dans mes poches au moment où elle se détacha brusquement de mon emprise. Sa force m'étonnait encore. Pourtant, il fallait que je m'y fasse.
Dure réflexion pour un homme de penser qu'une femme est plus forte que soi. Si j'étais dans une situation normale, j'aurai ri de ma débilité profonde. Mais aujourd'hui n'était pas vraiment le jour.

Puis, elle commença à parler de Jennifer. Elle semblait triste, désespérée, et légèrement énervée.
Je fronçai les sourcils. Si elle parlait de Jennifer, c'était uniquement pour se faire soi-même du mal, car elle était consciente que ces mots me toucheraient uniquement parce qu'elles toucheraient Ella beaucoup plus profondément. Me grattant les cheveux, je détournai les yeux, et croisai le regard de Syeri. Sa petite lumière était revenue, mais elle ne daignai toujours pas bouger. Soudainement, elle s'anima et son dos tout entier s'hérissai. Je n'eus pas le temps de tourner la tête, et aperçu Ella accrochée à mon cou. Je frissonnai de surprise.

- Sauf que je sens que je ne le supporterait pas...

Je n'arrivais pas à saisir le ton de sa phrase. C'était un gros mélange de désespoir, de rage et de jalousie. Je me mis à rire et jouait avec les cheveux d'Ella. L'observant de mes yeux sang, je lui donnais un sourire en déclarant :

-Dis donc, tu ne serais pas en train de me montrer ton côté "jalouse"?

J'aurai aimé entendre un "Si", histoire de prendre une importance dans sa vie. Eh oui, mesdemoiselles, les hommes aiment bien se faire mousser un peu! Je sentais la peau fraîche d'Ella traverser ma chemise. Comme pour répondre à une question précédente, je murmurai :

-Bien sûr que j'ai des tonnes de questions à te poser sur toi. Qui es-tu réellement? Qu'est-ce qui t'empêche de te contrôler? Quel goût te procures le sang pour qu'il te soit difficile de t'arrêter ?
Est-ce que tu as envie de me sucer mon sang, là, maintenant?

Syeri grogna.

-Couché, Syeri.
-Je me prépare à la réponse.
-Syeri! Si elle a des besoins, je n'ai pas l'intention de la laisser crever, merde! Tu devrais savoir ce qu'est l'amour!

J'étais terrifié parce que j'avais dit. Qu'allait-elle répondre? Si oui, qu'allais-je faire? Allait-elle faire preuve d'impatience et me morde après son acquiescement?
Serrant plus forte ma prise sur Ella, je ne pu m'empêcher de verser une minuscule larme comme un enfant qui doit aller chez le dentiste.

-Minable.

Ella aurait pu sentir son coeur s'accélérait au fur et à mesure des paroles de Jamie si elle en avait eu un. Mais elle se contenta d'écouter, puis souris.

- Rentrons, tu veux ? Je vais répondre à toutes tes questions, mais je n'ai pas envie que tu attrapes un rhume de ma faute !

Elle ouvrit la lourde porte d'un mouvement léger et tous rentrèrent dans le manoir, pour s'asseoir finalement dans le salon.

- Ecoute-moi bien, Jamie, murmura-t-elle, parce que ce n'est pas spécialement agréable à raconter pour moi, alors je préfèrerais ne le faire qu'une fois, soupira-t-elle en posant sa main sur sa main à lui, toute chaude et douce.

- Bien sûr que je suis jalouse de Jennifer - Ne m'interromps pas ! - je suis jalouse parce que tu l'aimes bien et que moi je t'aime beaucoup. Je sais que c'est irrationnel et que si tu l'aimais du même amour qui me consumes moi quand je te vois, tu serais parti depuis un moiment. Ou depuis le début en fait.

Elle fit la moue puis reprit.

- La question qui me surprend le plus, c'est "QUI es-tu réellement ?". Je suis moi, je ne te cache rien, je suis vraie... Par contre, si tu veux parler du tout début... eh bien en 1313, j'étais une jeune fille des plus normales. Son regard se voila de tristesse. On m'a mariée, et tout allait bien, je vivais dans un chateau avec ma chauve-souris et mon mari, j'étais enceinte... tout allait bien sauf que j'ai fini par découvrir que le comte était un serial killer des temps anciens. Et un bandit de grand chemin. Et qu'il s'en était pris à ma famille. Quand il m'a vue, le prendre en flagrant délit, il m'a traînée dans les bois, et a essayé de me tuer. Sauf que c'est ma chauve-souris qui a pris le coup pour moi. Et fin de l'histoire. Je ne sais rien de plus, sauf que je l'ai tué, lui, de manière 'classique', mais qu'ensuite, je suis devenue un vampire. Je ne te cache rien, c'est pire que "EH PAF ! ça fait des chocapics" ricana-t-elle nerveusement.

Elle ne voulait plus le regarder dans les yeux, ne le pouvait pas, parce qu'elle avait toujours peur qu'il s'en aille. Elle ne pourrait même pas le lui reprocher ! Ce ne serait qu'une réaction saine... Mais leurs doigts étaient heureusement toujours entrelacés.

- Pour ce qui est du sang... Eh bien c'est comme être droguée. Sauf que je n'arrêterai d'être stone qu'à ma mort. Enfin, façon de parler, puisque je suis déjà morte. Je t'ai déjà expliqué ? Pour te passer les détails gores, je suis juste un tas d'os qui sont maintenus par des litres et des litres de sang, que je renouvelle en buvant tous les jours. En fait, tous les trois jours et demi. Le quatrième, si je ne me suis pas nourrie, je me momifie. U_u

Ella frissonna. C'était le pire qu'on puisse faire à un vampire. L'affamer. Le paralyser pour l'éternité.

- ça t'explique donc pourquoi je bois, pourquoi c'est incontrôlable (aucune cure de désintox n'est possible !) et pour finir, ce n'est pas le goût du sang qui m'empêche d'arrêter, bien que certains soient meilleurs que d'autres, comme du vin. Je n'aurais pas dû parler de drogue, plutôt d'alcoolémie. Je suis une putain d'alcoolo du sang. Mais je suis obligée d'en boire, alors me voilà dans un beau cercle vicieux...

Pour la dernière question, toutefois, elle se força à relever les yeux et planta son regard dans celui de Jamie.

- Et en ce qui concerne TON sang en particulier, bien sûr que j'ai envie de te le sucer...

Elle posa tout de suite une main sur le coeur de Jamie, avec un regard affolé.

- Ne le prends pas mal ! C'est comme si... comme si tu demandais à une fille superficielle si elle voulait avoir du sexe avec un mannequin. Tu vois ce que je veux dire ? Argh, je suis si maladroite, se désespéra-t-elle. Chez toi, ce n'est pas seulement le fait d'entendre le sang couler dans tes veines, comme chez n'importe qui, c'est aussi le fait que je t'aime, et que je le sente plus fort car je suis plus proche de toi. C'est comme si t'agitais une bouteille de cognac XO devant un alcoolique en manque, Jamie. Mais je ne te sucerai pas le sang avant que tu ne me dises que tu sois prêt, ajouta-t-elle doucement.

Elle avait plus besoin que jamais que Jamie lui dise qu'il l'aimait. Encore, malgré ce qu'elle venait de lui raconter.

Je fus terrifié du moment où elle commença à parler jusqu'au moment où elle termina sur le goût de mon sang. Après cela s'ensuivit un silence de plomb. Je n'osai pas parler. Et pourtant, il fallait parler, pour rassurer les deux personnes. Pour elle, comme pour moi.
Je m'animai petit à petit. Ella était stressée pour ma réaction. Moi aussi d'ailleurs. Pour une fois, je n'avais aucun contrôle sur mon corps, et donc mes réactions étaient totalement à charge de hasard. Aïe, si j'avais pu la rassurer. Syeri posa une patte sur mon genoux et attendit. Son contact me redonna du courage, et je reprenais petit à petit tout mes moyens.
Observant la maison dans tout les recoins, sans bouger de là où j'étais, je crus un moment me trouver dans un château. Pourtant, l'intérieur semblait moderne.
Après mon aperçu des lieux - pour me sentir un peu plus à l'aise -, je concentrai mon attention sur Ella.

-Inutile de t'expliquer d'avantage, j'ai bien compris. Ne fais pas cette tête, tu me fais mal au coeur. lui dis-je, en déplaçant une mèche de son beau visage. Je t'aime, ça ne fait aucun doute, alors ne te fais pas autant de mal sans connaître parfaitement la personne en face de toi. D'accord?

Je lui donnais une petite tape amicale sur le front. Approchant mon visage à deux centimètres du sien, je lui murmurai :

-En ce qui me concerne, ou plutôt, en ce qui concerne mon sang, ce n'est pas à moi de choisir, mais plutôt à toi, puisque cela ne me concerne qu'à moitié. Je préfère embrasser une magnifique jeune femme, plutôt qu'une momie à moitié décomposée. riais-je.

Comme pour confirmer ce que j'avançais, j'encadrai son visage angélique et l'embrassai tendrement.
Syeri me parla après quelques minutes de mutisme oppressant.

-Jamie, cette femme n'est pas humaine, elle ne te veux que pour ton sang.
-Syeri, je ne te savais aussi petite d'esprit. Elle ne cesse de me dire qu'elle le fera quand je serai prêt...
-Alors ne tente pas le diable, merde! Ça se trouve, elle te supplie d'arrêter de lui parler de ça!
-J'aimerais bien, mais j'ai fait une promesse à Strify. J'ai subi trop de choses par le passé pour rompre une promesse. Tu peux me traiter d'abruti, je suis comme ça.
-J'aimerais bien te traiter, comme tu le dis, mais je sais parfaitement que ça ne te ferai rien.
-C'est bien qu'au bout de quelques jours, tu t'en sois rendu compte.
-Rabat-joie.

Je soupirai. Décidément, Syeri avait un caractère bien à elle. Je commençai à avoir mal à la tête. Peut-être parce que j'attachais trop d'importance à une chose inutile? Impossible de le savoir. Cependant, je rompis un baiser assez long, et m'enfonçai sur le canapé, mettant le dos de ma main sur mon front anormalement frais de ma température déjà basse. Avec mon autre main, je continuai à tenir Ella. Elle était toujours plus fraîche que moi. D'un point de vue, ça me rassurait, car sa température était celle d'un mort - ne cherchons pas à dire le contraire -. Cependant, je n'eus mal qu'un instant, et puisque Ella semblait avoir eu peur pour moi, je la rassurai en utilisant mon pouvoir gelé pour lui confectionner une rose dont les moindres détails sont étudiés. Elle apparu dans ma main gauche, et je la lui donnais en murmurant :

-L'avantage c'est qu'elle ne coupe pas, mais le défaut, c'est qu'elle ne survivra pas longtemps à la chaleur.

Soufflant chaudement dessus, une goutte d'eau tomba sur mon jean.

-C'est comme tout, ça ne dure qu'un temps. murmura Syeri.

- Oh Jamie !

Ella, maintenant presque tout à fait rassurée par ses paroles et ses baisers, accepta avec joie la rose que lui tendait le jeune homme. Elle était pâle, ciselée, et resplendissante d'éclat. Ella s'en saisit doucement, la tenant avec délicatesse dans ses mains fraiches.

- Merci... murmura-t-elle en déposant un léger baiser sur ses lèvres.

Puis, sentant que Jamie commençait à avoir froid à cause d'elle, elle fit appel à la télékinésie pour faire venir à eux le plaid qui était posé sur la rampe d'escalier.

- Il n'y a pas que toi qui ait un pouvoir (a) se moqua-t-elle gentiment. Puis redevenant sérieuse, elle ajouta : Je te remercie pour cette discussion. ça m'a fait beaucoup de bien de mettre toutes ces choses à la lumière, parce que je ne savais pas comment gérer notre relation, avec tous ces trucs négatifs que je lui apporte. Mais ça va mieux, maintenant, sourit-elle.

Elle se pencha pour caresser Syeri.

- Je sais que tu ne m'aimes pas beaucoup, petit lynx, mais à ta place, je serais pareille, donc je ne t'en veux pas. J'espère juste que tu pourras toi aussi essayer de me comprendre. Je ne ferai jamais de mal à Jamie, je te le jure.

Au contraire. Parce que désormais, si quelqu'un s'en prenait à Jamie, parce qu'il était au centre de cette stupide guerre par exemple, il tomberait sur Ella. Et là, mieux vaudrait qu'elle n'ait pas trop les crocs. Et alors même que ces pensées traversaient son esprit, Ella frissonna et ses dents devinrent sensibles.

- Oh merde.

Elle tourna vivement la tête pour que Jamie ne la voie pas. Elle le savait : ses yeux allaient foncer jusqu'au marron, ou à l'ambre, au mieux, et ses canines allaient sortir. Affolée, elle posa délicatement la rose dans un soliflore, balançant le lys fané au feu pour le remplacer par la rose de glace.

- Jamie... murmura-t-elle, je suis désolée de te faire ça, mais je dois te mettre au pied du mur ou à la porte... Soit tu es prêt, soit tu sors. Elle était brutale, mais il n'y avait plus beaucoup de temps. Je te retrouverai chez toi dans... trois heures si tu veux qu'on continue cette journée ensemble, mais là, il faut que je me nourrisse. Sors maintenant, implora-t-elle. Il faut vraiment que je mange.

Il n'y avait pas d'autres alternatives. La situation devenait pressante, et comme elle ne voulait pas bousculer Jamie, il allait falloir qu'elle trouve autre chose. En fait, au fond d'elle-même, elle savait déjà ce qu'elle allait faire. Comme elle ne voulait pas tuer quelqu'un, il allait falloir qu'elle trouve quelqu'un de déjà mort. Récemment. Alina ? Berk. ça la dégoûtait de profaner la tombe d'un mort. Mais il n'y avait pas d'autre voie. Bon si, Jamie, mais ce n'était pas le moment de le "violer". Et c'était hors de question qu'il reste pendant qu'elle mangeait.

Et voilà, je pensais bien que cela n'allait pas durer longtemps. Tôt ou tard, l'être qu'elle est refera surface. Et c'était le cas en ce moment.
Alors? Allais-je tenir ma promesse faite à Strify, ou écouterais-je Ella et m'en irais-je? Je ne me sentais pas bien, et j'avais froid, ce qui était très rare pour quelqu'un qui contrôle la glace.
Me relevant, j'embrassai légèrement Ella sur le front, et rejoint Syeri, qui était déjà sur le seuil de la porte.

-Ça va aller?
-À ton avis? Ma petite amie fait une crise vampirique, je suis le seul humain à portée sur une centaine de mètres, à part Jennifer si elle est chez elle.
-Jennifer!
-Ne t'inquiète pas pour elle, Ella n'oserai pas s'attaquer à elle.
-Et pour quelle raison, monsieur? Je te signale qu'elle se contrôle à peine là! Elle peut venir te sucer le sang en ce moment même en moins d'une demi-seconde. Dépêchons de filer d'ici au plus vite.
-Je me sens coupable. Je ne veux pas laisser seule.
-Eh, tu m'écoutes quand je te parles? Ella n'est rien qu'un tas d'os entouré de chair pour l'instant. Elle est en manque, elle te l'a dit elle-même! Jamie, Jamie!

S'en était trop. Je me rassis sur le canapé, et pris les mains d'Ella. Elle tourna un regard subjugué vers moi. Je mis ma tête sur son épaule, et lui dis :

-Tant pis, si je ne suis pas prêt, si ta vie en dépend, c'est inutile de penser à moi.

Syeri accouru vers moi. Avec un regard qui se veut tout sauf gentil, il fusilla Ella. Même si elle savait qu'elle ne l'entendrait pas, Syeri hurla mentalement :

-Touche à un seul de ses cheveux, et tu verras combien mes crocs sont aussi aiguisés que les tiens, vampire.
-Syeri, ça suffit. Laisse-là.
-La ferme, Jey, là je suis de très mauvais poil, et tu n'y est pas innocent. Quand on me cherche, on me trouve, et là, je peux dire que je fais très mal.

Pour une fois, j'eus presque peur de mon daemon. Il se dégageait d'elle une aura tellement malsaine qu'elle me fit frissonner. Son dos tout entier était hérissé, et elle faisait entendre un horrible feulement.

-Calme-toi Syeri! Tu me fais mal à la tête. murmurai-je.
-J'en ai rien à faire. Si j'avais pu te découper en morceaux à ce moment, je l'aurai fait sans hésiter.
-Tu aurais regretté ton geste, même si tu n'étais pas mon daemon.
-Bien sûr que je l'aurai regretté! Je me fais du soucis pour toi, et tu te mets en face de Satan!
-Syeri...
-Inconscient! Idiot! Immoral! Connard! Salaud! Tout ces mots ne suffiraient pas. Part tout de suite! Ne le laisse pas te sucer le sang!
-Non, Syeri, tu vas rester ici. Tu ne vas pas bouger.
-Là, c'est trop pour moi.

Syeri me lança un mauvais regard, et se prépara à attaquer.

Ella avait levé un regard émerveillé vers Jamie. Ses yeux étaient devenus vitreux, mais elle le voyait encore. Elle voyait sa mâchoire contractée. Elle voyait ses yeux inquiets. Et elle sentait qu'il avait peur. Mais elle sentait aussi qu'il l'aimait. Elle entendait son poul. Elle entendait son coeur.

-Tant pis, si je ne suis pas prêt, si ta vie en dépend, c'est inutile de penser à moi.

D'un geste vif, mais délicat, Ella saisit Jamie, une main dans le dos, une main sur l'épaule, et l'allongea sur le canapé, avant de passer au dessus. Elle avait désormais les yeux tout à fait noirs, et les canines sorties, mais elle réussissait à se contrôler, se remémorant chaque mot de leur discussion, et la dernière phrase de Jamie. " Inutile de penser à moi " . Il était vraiment adorable... Elle passa avec fébrilité ses doigts dans les cheveux blonds/blanc du jeune homme, amoureusement, avant de fondre sur lui. Tout cela n'avait pas duré plus de cinq secondes, mais ses cheveux, détachés caressaient la nuque de Jamie, pendant que penchée sur lui, elle l'embrassait avec fougue. Quand elle se redressa, haletante, excitée et au bord de l'asphyxie, elle gémit :

- Ce que tu fais pour moi, c'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait.

Elle savait que Strify l'avait fait aussi pour elle, elle ne l'oubliait pas, mais ce n'était pas pareil. Lui avait besoin de son action de vampire, lui était fan des sensations nouvelles, lui voulait goûter le sang de vampire "pour le fun"... Alors que Jamie le faisait rien que pour elle, pour l'aider.

Elle le poussa un peu d'un coup de hanche et s'allongea, se blotissant contre lui, savourant la chaleur de son corps. Elle tremblait, mais elle se maintenait. Elle ne voulait pas faire de mal à Jamie. Alors même si tous ses membres lui hurlaient de le vider de son sang, sa tête contrôlait tout, parce qu'elle préfèrerait, eh bien, se momifier, plutôt que de blesser Jamie.

- Je t'aime... bégaya-t-elle, car la faim se faisait de plus en plus... tuante.

Elle était affaiblie, mais tenait à prendre son temps pour Jamie. Mais comme le temps pressait, elle se redressa sur un coude, et posa doucement sa main sur la joue de Jamie pour le forcer à la regarder.

- Je boirai ton sang. Mais, A) tu promets de crier si tu as mal, pour que je m'arrête. B) tu éloignes Syeri. J'ai déjà mordu des gens qui avaient un daemon, ça leur fait mal aussi, en fait plus qu'à l'humain je crois, mais la douleur diminue avec l'éloignement. Je ne suis peut-être pas dans ses bonnes grâces, mais je ne lui veux pas de mal. C) Tu choisis où tu veux être mordu.. Ces closes sont non-négociables.

Elle retint un moment son souffle, puis, comme il ne répondait rien, elle poursuivit.

- En général, je mords dans la jugulaire parce que... Elle s'interrompit, mais il était là, alors autant continuer dans la vérité. Parce que quand tu attaques quelqu'un tu ne prends pas le temps de le déshabiller pour le mordre ailleurs. Mais l'artère fémorale, ta cuisse quoi, je pense que ça fait moins mal parce qu'il y a de la chair. Comme pour les tatouages quoi... Et sinon je peux mordre le dos, mais ça durera plus longtemps...

Elle lança un regard (totalement noir désormais) suppliant à Jamie. Puis se repencha pour capturer ses lèvres d'un baiser sensuel.

- Merci... merci...

Je ne tremblais pas. Étonnamment, je n'avais plus peur. Ella était marrante à poser les différentes conditions exigées.
Promettre de crier si j'avais mal? Et puis quoi encore? Est-ce qu'Ella aurai demandé ça aux différentes personnes qu'elle rencontrerait - et qui lui sert de repas -? Je n'étais pas une chochotte, quoi!
Bon, éloigner Syeri serai chose plus dure déjà. Sa fixation sur moi me mettait trop mal à l'aise, pour lui demander quoi que ce soit. Et pourtant, je tentais.

-Syeri, vas-t-en. Ella dit que ça fait moins mal aux daemons quand ils sont loin de leur maître.
-Merci, j'ai de meilleures oreilles que toi, et je n'ai pas besoin d'un perroquet.
-Soit un peu réaliste! Je n'ai pas envie de te faire du mal.
-Et moi, je n'ai pas envie qu'elle te fasse du mal. Elle ne cherche qu'à m'éloigner parce que ça la chante. Je ne bougerai pas de ma place. Même si je dois en crever!
-Syeri! Je pense à toi, mais pense aussi à moi! Si tu crèves, je crèves aussi, et je ne pense pas que c'est ce que tu veux.
-Si je sens que c'est insupportable, je m'en irais... mais pas avant!

Je souris à ma lynx, qui n'eus pas vraiment l'air d'apprécier cette démonstration de gentillesse. Comme pour m'excuser devant Ella, je baissais les yeux, sans avoir besoin de mots pour qu'elle comprenne que Syeri ne s'en irai pas comme ça, tel un bon toutou.
Bon, ensuite, Ella m'avait parlé de l'endroit où "piquer". D'un point de vue, j'avais l'impression de me retrouver sur un table d'opération, mais avec le choix d'avoir la piqûre de morphine où je le veux. Je riais de mon insouciance et aussi des goûts d'Ella. En effet, j'avais l'impression qu'elle me parlait de cuisine. Tantôt le cou parce que c'est plus pratique, tantôt la jambe, parce que ça fait moins mal, ou bien le dos. Ce dernier me fit frémir. Personne, au grand personne, n'avait le droit de me toucher le dos. je considérais cette partie comme la plus faible, parce que c'était celle que l'on ne pouvait voir avec les yeux. Aucune logique dedans, il s'agit simplement de psychologie. Enfin bref, je voyais bien qu'Ella commençait à s'impatienter malgré elle. Elle m'embrassa et me remercia presque douloureusement. C'était limite si elle s'en voulait de me faire subir ça. Tu me diras, j'aurai été pareil à sa place. Rompant le baiser, j'observais ses prunelles tellement foncés qu'on en voyait plus la pupille.

Fronçant les sourcils, je lui répondais normalement, sans une once d'hésitation :

-Dans ce cas, le cou, parce que c'est aussi plus pratique à nettoyer, sauf si tu ne bois pas comme une cochonne, ce que j'espère, tu as assez fait de dégâts sur ma chemise comme ça.

J'observais un léger instant ma chemise, et soupirai en fermant les yeux et avalant ma salive.

-Enfin, je pense qu'elle passera à la poubelle, je n'aurai qu'à en demander une nouvelle, celle-ci rouge, comme ça, le sang ne se verra pas.

Je riais à nouveau de mon optimiste. Décidément, depuis mon arrivée à l'île, j'avais vécu plus de choses insolite qu'en une vie réunie.

-Bon, je sens que je deviens lourd, alors je vais pas te faire mariner. Commence, et termine rapidement, s'il te plaît. J'aimerais rentrer chez moi avec la force de pouvoir me lever.

Je déboutonnai le haut de ma chemise souillée de sang, histoire qu'elle n'arrache pas ma chemise entière, j'y connaissais rien sur les vampires moi après tout, mieux valait rester prudent. J'avais encore des cheveux sur le cou, mais je pense qu'elle était assez maligne pour les enlever - je ne pense pas que mes cheveux soient très appétissants - (a).

( HJ : j'aime le petit "(a)" à la fin xDD ça m'a fait rire toute seule comme une keune xD )



Ella regarda Jamie avec tendresse. Il n'arrêtait pas de rire, et elle mettait ça sur le compte de la nervosité. Syreri ne bougeait pas, mais la jeune femme espérait qu'elle ne lui en voudrait pas ENCORE PLUS parce qu'elle avait prévenu ! Elle regarda alors Jamie enlever sa chemise, d'une manière qui lui paraissait tellement leeeente, à elle qui vivait 10 secondes en 1, qu'elle avait envie de lui sauter dessus (ce qui, techniquement, était déjà fait, puisqu'elle était revenue à califourchon sur lui) et de la lui arracher. Mais il avait raison, elle en avait subi assez, cette pauvre chemise qui jadis fut blanche !

Dans un coin de sa tête, Ella nota : Il faut que je pense à demander à Strify de lui en trouver une. Il a de bons filons, ça ira plus vite. Et puis c'est la moindre des choses que je puisse faire pour Jamie, après tout ça...

Doucement, Ella murmura :

- Désolée de te décevoir, mais c'est plutôt dur de faire ça proprement.

Et joignant le geste à la parole, elle écarta les doigts du jeune homme pour se mettre à enlever, elle-même, quelques boutons supplémentaires. Personne ne parlait, un humain aurait dit qu'un silence religieux planait sur la pièce, mais Ella entendait bien distinctement les respirations de Syeri et de son maître. Ensuite, elle passa ses mains sur le torse de Jamie, sensuellement, et remonta jusqu'à son cou, où elle attrapa le col de la chemise, et la fit descendre sur les épaules du jeune homme. Enfin, elle le poussa légèrement pour que sa tête repose sur le bras du canapé.

- Il faut t'allonger et décontracter tes muscles.

Elle leva les yeux au ciel (même si ça ne se voyait pas)

- OMG j'ai l'impression que je vais te faire une prise de sang maintenant, à dire ça.

Et voilà que c'était son tour de rire. Mais elle s'interrompit rapidement, se rendant compte que cette fois, c'était elle qui le faisait mariner. Alors, doucement, elle s'allongea sur lui, prenant appui sur le canapé de chaque côté de sa tête blonde. Ses cheveux à elle tombaient un peu plus bas. Elle tenta de sourire de manière rassurante, mais, ayant plus peur de l'effrayer qu'autre chose, elle appuya sa tête dans le cou de Jamie et respira à fond. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour, l'eau de Cologne puisse devenir pour elle le synonyme de "gentil", de "rassurant", de "Jamie", de l'amour.

Et, parce que la faim se mettait à la tirailler vraiment, elle se lança. Elle se mit à embrasser Jamie. Nuque. Pomette. Joue. Lèvres. Encore lèvres. Cou. Nuque. Ses crocs étaient sensibles comme jamais, et elle griffa un peu Jamie, sans le faire exprès. Elle le sentit se raidir sous elle, et grimaça.

Meeeeeeeeeeerde.

Puis, elle l'embrassa une dernière poignée de fois dans le cou, joignit ses lèvres aux siennes, et ENFIN plongea dans son cou. Ses crocs traversèrent la chair rapidement, parce qu'elle ne voulait pas le torturer, soyons réalistes U_u, et elle but avidement le sang.

Putaiiin c'est du A+ !

Tous les sentiments étant liés chez la vampire, elle était au bord de l'extase, l'envie, l'amour, la faim, tout se mélangeant et s'intervertissant. Heureusement qu'elle n'était pas un mec, sinon elle aurait bandé, ce qui est plus gênant que d'avoir des papillons dans le bas-ventre. Mais calmons-nous. Ella but une dernière gorgée, et se retira de Jamie.


( HJ : je te laisse écrire ce que tu ressens :p )

[T'inquiète pas pour ça, mais t'aurai dû rajouter le "Bonne chance" à la fin du HJ, j'viens de me lever la tête dans le *** mdr]



C'était dur de faire ça proprement? Et ma pauvre chemise, elle demande juste de passer à la machine à laver T_T. Sérieusement, j'étais un peu déçu.
Et puis, c'était limite. J'avais l'impression que les mouches volaient. Elle était de plus en plus pressée, et j'étais de plus en plus lent. Eh ouais, c'est ça la peur.
Ensuite, me décontracter? Super! J'étais jamais aussi décontracté de ma vie. Sérieux, on aurait pu me ramasser à la cuillère à ce moment.

Et puis, enfin, ça commença. Elle fit plusieurs fois l'aller-retour cou, bouche, histoire que je ne sache pas quand elle allait me mordre peut-être, ou bien simplement parce qu'elle le voulait. Ça me rappelait l'anesthésiste qui te dit "Dans trois secondes, je vous endors" et qu'au bout d'une seconde, t'es déjà dans l'autre monde. Enfin, cela me rappelle de mauvais souvenirs. Et je n'aimais pas qu'on ramène de mauvais souvenirs à leur état de demi-sommeil.
Avant de me mordre, je sentis en l'espace d'une seconde des griffes s'enfoncer sur mon cou. Mais évidemment, ce n'était pas encore les réels crocs. Syeri, qui sentait mon sang à plusieurs mètres, commença à grogner méchamment. Je me raidis.
Finalement, ce n'était pas aussi horrible que ça. J'avais senti comme deux piqûres un peu grosses s'enfoncer dans mon cou, mais j'avais subi tellement de perfusions par le passé que cela ne me faisait plus aucun effet.
Par contre, le sentiment de prise de sang était beaucoup plus déplaisant - Je n'ai jamais dit que les crocs étaient plaisants, soyons clairs, hein? -. J'avais l'impression que mon sang se barrait, mais à fond la caisse. C'est pas pour rien qu'on peut mourir en une minute avec la jugulaire coupée. Je frissonnai. Malgré son état de semi-conscience, je sentais Ella concentrée pour ne pas me faire mal. Je ne bougeais pas.
Bon, d'accord, ça fait mal. Je commençais à avoir mal à la tête, par-dessus. Normal, puisqu'elle me suçai le sang dans la plus grande partie de sang du corps humain. Elle avait intérêt à s'arrêter à temps!
Elle n'avait pas tort, ma chemise, bien qu'éloignée de mon cou, était tâchée de sang. Décidément, il faudrait la jeter à la poubelle.
Sinon, au niveau des sentiments éprouvés, ce n'était rien d'autre qu'une impression de vide complet, mélangés à un sentiment d'excitation incroyable, mais qu'il m'était facile de maitriser cependant. C'était... magique et dangereux. Tout ce que j'aime. Et je ne suis pas sado-maso pour autant. Syeri était couché au sol, et attendait quelque chose. Je fus subjugué. Ella avait dit que ça allait faire mal à mon daemon. Mais ça avait l'air de ne rien lui faire.

-Tu... Tu n'as pas mal?
-N'oublie pas que j'aurais plus mal que toi. Mais si cela ne te fait pas plus mal que ça, la douleur m'est largement supportable. C'est plutôt pour toi que je m'inquiète.
-Tu crois que je n'ai pas mal?
-Je le sais aussi, puisque je n'ai presque pas mal. Par contre, si tu tombes dans les pommes comme tu t'apprêtes à le faire, je le serais aussi.


Syeri avait raison. Alors que je pensais tomber dans les pommes, Ella s'arrêta brusquement. Ce fut comme une renaissance pour moi, mais aussi la fin d'un beau conte de fées. Complètement paradoxal.
Ella m'observait avec une mine consternée. Elle s'attendait à ce que je parle? D'accord.

-Bon, première impression, c'est pas la mort. Enfin si, mais ça c'est seulement si tu t'arrêtes pas. Deuxième chose, ton truc sur Syeri ne marche pas. Elle n'a pas semblé avoir mal le moins du monde. Enfin, Si ce n'est qu'une piqûre tout les vendredi du mois, je suis d'accord, alors ne te tortures pas l'esprit. Je vais BIEN. rassurai-je en reboutonnant ma chemise.
-...Et je vais aussi faire une douche en rentrant.
-Héhéhé. ria amèrement la lynx.

Ella n'avait pas l'air complètement heureuse de ce que je lui dit, donc je l'embrassai. Le fait de relever la tête m'obstrua l'usage de la vue. Je retombais lourdement sur le canapé, me fabriquai rapidement de la glace, et me l'appliquai sur le front.

-Par contre, je ne sais pas si c'est la première fois que je me fait sucer le sang, ou si c'est parce que tu en as pris beaucoup, mais j'ai la tête qui tourne trop à mon avis.

Je fermais les yeux. Avec un tout petit sourire, je lui demandais :

-Alors, quel goût il a mon sang?

Eh oui, j'étais curieux malgré moi. Et puisque je n'allais pas me lever tout de suite du canapé, mieux falait-il éviter de dire : "Excuse-moi, mais je crois que tu m'as pris trop de sang, et donc en gros je peux pas me lever, sinon je tombe."
Ouais... Je pense qu'elle allait s'en faire pour rien. Et puis, c'est vrai que je ne suis pas vraiment un gaillard avec beaucoup de sang. J'ai le minimum autorisé.

( HJ : bah bonne chance en retard xD moi je sors d'un film d'horreur ! ) 


Ella cligna des yeux. De ses beaux yeux bleu clair. Et contempla Jamie. Sur le coup, elle l'avait vu passer de la peur à la tristesse en passant par la colère et tout ce qu'il trouvait à dire, c'était demander quel goût il avait. 

Troublée, Ella se coucha à côté de Lui, mais pas avant de lui avoir mis la tête sur le côté. 

- ça va continuer à couler sinon, expliqua-t-elle. 

Elle avait la poitrine qui se gonflait et se creusait au fur et à mesure qu'elle ingérait le sang dans son système. C'était comme avoir couru un marathon et avoir reçu de la dope en récompense. Mais la réalité nous rattrape souvent de façon abrupte et Ella tourna la tête pour que Jamie ne voie pas sa bouche bariolée de sang, même si, en réalité, ça devait déjà être trop tard. Elle s'essuya rapidement et ne put résister à l'envie de se lécher les doigts. Enfin, elle se résolut à parler. Et éclata de rire. 

- Jamiiiiie ! que tu me demandes ça, c'est comme si on avait fait l'amour et que tu me demandais si tu avais été performant !

Elle secoua la tête puis se releva, tout sourire, et remonta sur Jamie. Elle était remplie d'énergie et d'humeur plus que festive, tout d'un coup.  

- Mais t'es super bon... clama-t-elle d'une voix rauque avec sensualité. 

Alors, elle se pencha, se dévissa le cou pour faire face au jeune homme et l'embrassa doucement. 

- Merci encore ! Et je suis bien contente que Syeri et toi vous portiiez bien. Par contre, pour être honnête, je n'aime pas la tête de ta morsure.

Le sang continuait à couler et tachait l'encolure. Et il était tellement pale ! En plus, pour l'avoir goûté, Ella savait qu'il était naturellement pauvre en globules. Ni une, ni deux, Ella arracha la chemise ( HJ : je sais que tu voulais pas mais j'ai pas pu m'en empecher xDD) et observa la blessure. Jamie allait parler mais Ella posa un doigt sur ses lèvres. 

- Aie confiance. C'est un cadeau que je te fais. Parce que je t'aime aussi.

Alors Ella s'approcha de Jamie, l'embrassa pendant un moment, histoire de s'exciter, (heureusement il ne semblait pas la repousser) et quand ses crocs sortirent, Ella porta sa propre main à ses lèvres et mordit un grand coup. Dès lors, elle approcha du cou de Jamie, immobile comme un Pape, et serra le poing. Des gouttes de sang coulèrent sur la blessure, la pénétrèrent, et doucement, elle se referma.  

- Et voilà !

Ella se lécha la main. C'était déjà refermé de toute façon. Puis, voyant l'air ahuri de son homme, elle expliqua ;

- Deja t'inquiète pas, j'ai pas le sida. Ensuite, c'est une particularité des vampires de se régénérer. C'est dans notre sang je ne sais pas pourquoi. Peu de gens seulement le savent. Et quand ton sang arrive dans mon organisme, il se transforme en sang de vampire. Mais bon je pouvais bien t'en rendre un peu ! je ne veux pas que tu souffres pour moi...

Ella soupira. Les vampires étaient d'une complexité folle. Elle même ne se comprenait pas. Tout ce qu'elle savait, c'était que 1, c'était la première fois qu'elle faisait ça pour quelqu'un. Même Stify se contentait d'un garrot. 2, elle n'avait pas d'interêt que ça se sache sinon on la viderait. Mais pour Jamie, elle était prête à absolument tout.     

Puis rougissante, elle adressa un sourire contrit à Jamie. 

- Surtout que, en fait, ce serait un peu plus d'un vendredi par mois. Mais euh... Si tu préfères je me trouverai un familier sur l'île ! Enfin on peut aussi en parler plus tard ! ajouta-t-elle précipitemment.

Même si elle savait que ça ne l'amuserait pas du tout.



( HJ Lore, Luka, si y a un pb avec ce pouvoir dites le moi et j'editerai. Je le prendrai en pouvoir perso si vous ne voulez pas le mettre à tous les vampires vu que mon pouvoir de telekinesie jai du l'utiliser 2 fois max ca ne sera pas dur à effacer ! Je devais demander hier soir et j'ai complètement zappé ! Ajd diner chez mon frère. Bisou à touuus. Jamie si tu suites tkt je suiterai quand même après toi =p ).      OK BY LUKA

J'avais un bon sang? Heureux et malheureux de le savoir. Heureux, parce que d'une façon ou d'une autre, entendre qu'on "sent bon", ça fait toujours plaisir. Malheureux, parce que évidemment, s'il était bon, elle aurai plus de mal à s'arrêter, enfin je crois.
Ce qui m'énerve par-dessus ça, c'est que je n'ai plus de chemise. Et que mon putain de sang en sous-effectif ne veut pas se refermer.
Elle m'offre son sang? Un peu paradoxal pour un vampire, non? Enfin, je ne préfère pas insister. Et puis, cette sensation de brûlure sur mon cou est supportable. Je soupire. L'avantage, c'est que ma plaie est refermée, le défaut, c'est que je vais avoir du mal à me relever. Alors autant y aller doucement. Je m'apprête à me lever, mais Ella se met à parler.

- Surtout que, en fait, ce serait un peu plus d'un vendredi par mois. Mais euh... Si tu préfères je me trouverai un familier sur l'île ! Enfin on peut aussi en parler plus tard !

La voilà qui rougit! Vraiment charmant. Si j'en avais la force, je l'aurais embrassée. Maintenant, il serai temps pour moi de partir. J'aime passer du temps avec elle, mais je suis trop fatigué pour rester ici et parler.
Je m'appuies de mes coudes pour me relever, puis utilise mes mains pour m'asseoir. Ella est toujours à califourchon sur moi, et à quelques centimètres de mon visage. C'est plus fort que moi. Je passe mes mains dans le dos d'Ella, la serre contre moi, et écrase mes lèvres sur les siennes. Elle ne se défend pas - heureusement - et je termine le baiser comme il a commencé. Je lui caresse la joue, et retire mes pieds du poids d'Ella. Je suis à présent assis normalement sur le canapé. Ma tête me tourne, il ne faut pas que je me presse.

-Si! Dépêchons-nous de quitter cette maison. Tu as fait ce que tu voulais, subis-en les conséquences. Rentrons.
-Ta gueule, Syeri.
-Mais je t'emmerde profondément, Jamie.

Je soupire. Syeri est déjà posté à la porte d'entrée, et attend impatiemment qu'on lui ouvre la porte.

-Ella, maintenant il faut que je rentre chez moi. Ma chemise est à moitié déchirée là. J'ai envie de prendre une bonne douche, et d'aller me coucher. Ne t'en fais pas, je viendrais te voir demain, ou plutôt après-demain. J'ai pas la forme. La prochaine fois, n'oublie pas ce que je t'ai déjà dit : "Je t'appellerai quand je voudrais mourir." Pas avant, hein? Pour ce qui est de ton sang, j'apprécie ton geste, et te remercie. Enfin, si tu veux un familier, ça me va. Toi seule est consciente de ton appétit. Sache juste que tu as certainement remarqué ma grosse déficience en globules rouges. Donc je ne peut pas servir de banque de sang. Excuse-moi.

Je baissais les yeux et ma main qui caressai la joue d'Ella se stoppa net, avant de retomber le long de mon corps. Je m'en servais pour me relever. Je cru que j'allais mourir sous le choc. Tout mon corps, et le centre de ma douleur étaient postés sur mon cou. Dis donc, elle s'était défoulée sur moi ou quoi?
Tout à coup, même si ce fut un bref et court instant, je haïs Ella. C'était en l'espace d'une demi-seconde, mais ce geste, ou plutôt ce sentiment me déchira le cœur. Je secouais la tête et me relevais, sous des yeux attentionnés.

-Dis donc, Syeri, tu ressens rien?
-Non, tu fais de la comédie. Tu peux très bien tenir sur tes pattes tout seul. J'en suis la preuve irréfutable.
-J'aimerais bien que tu arrêtes de te foutre de ma gueule un instant.
-Oh pardon. sourit malicieusement Syeri, en mettant une patte devant sa gueule.

Je soupirais. Incorrigible. J'avais du mal à croire que j'avais un subconscient comme ça. Et pourtant. Quelle merde!
Je me relevais pour la vingtième fois consécutive. Ce fut celle-ci qui me permis de tenir droit sur mes papattes. Me dirigeant vers la porte d'entrée, j'ouvris la porte d'entrée. Un froid engouffra la pièce tout entière. Syeri s'élança en-dehors, m'ordonnant mentalement de bouger. Je me retournais pour donner une dernier regard à Ella. Elle se mit brusquement à parler.

La longue tirade de Jamie avait fait très mal au coeur d'Ella. Tout comme ses trébuchages. Mais elle comprenait très bien qu'il veuille préserver sa vie, par contre ! Alors comment lui en vouloir ? Toutefois, du plus profond de son être, tout en elle hurlait "ne t'en va pas..." Alors, même s'il était faible/fatigué/crado, elle lui en voulait de partir. De l'abandonner. Pourquoi fallait-il que tout le monde parte toujours ?

Elle le vit lui tourner le dos, le lynx partit le premier, et dans sa tête, elle se dit :

* s'il se retourne, c'est que c'est Lui. Pour toujours. *

Mais voilà déjà qu'il avait la main sur la porte, qu'elle s'ouvrait, et même que le vent entrait dans la pièce. Elle le voyait aux mouvements des rideaux, car pour sa part, elle ne sentait rien. Et là, miracle. Jamie se retourna pour lui donner un dernier regard. C'était plus fort qu'elle, elle murmura.

- Reste...

Puis plus clairement.

- Je t'en prie, Jamie... Reste.

Elle se mordait les lèvres. Elle n'avait pas envie de pleurer. Elle n'avait pas envie de se plaindre. Elle n'avait pas envie de crier. Mais elle n'avait pas envie de rire non plus. Elle n'avait pas envie de Jamie. Pas seulement de le mettre dans son lit, n'ayez pas l'esprit si mal tourné. Elle voulait qu'il soit là, avec elle. Et c'est tout. Elle sentait encore sa main sur sa joue...

Alors elle se retrouva à bégayer lamentablement :

- Il... il y a une douche en haut, et même une baignoire. Et j'aurai vite fait de courir chez toi pour prendre un panier à Syeri et... et on le mettra dans la chambre.

Elle ne pensait même pas à cette sombre histoire comme quoi il n'avait pas envie de partager son sang avec elle. C'était tout à fait sensé, et c'était même elle qui lui avait dit de se préserver, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être vexée.

- Je n'ai pas envie que tu te fasses mal en rentrant chez toi, alors au pire, si tu ne veux vraiment pas rester avec... rester ici, laisse moi te ramener. Même si ça serait plus sûr que vous restiez, cette nuit.

Elle retint son souffle. Purement amphatique, car un vampire n'avait pas besoin de respirer. Mais ça lui rappelait trop le spot contre l'alcool. "c'est pas raisonnable, on a une chambre, reste dormir ici plutôt que d'aller dans le fossé !"

Argh. je me sens tellement impuissante.

Elle était debout, en plein milieu de mon salon, avec ses longs cheveux blonds un peu rougis et sa robe-pull qui n'avait de chaud que la laine et surtout pas la longueur, et elle se sentait ridicule.

- J'ai besoin de toi Jamie.

Si Ella Kaltesherz la vampire avait peur d'une chose, c'était la solitude, et plus particulièrement, qu'il la laisse.

Eh merdeeee!
Là voila qui me parlait doucement, avec une mine suppliante. Je n'avais plus envie de rester ici. Plus du tout. Il fallait que je rentre chez moi. J''avais l'esprit embrumé et je voyais avec peine ce qu'il y avait devant moi.
Elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait, je n'étais pas en mesure de rester ici. Trop de choses se sont passées en moins de quelques minutes. À vrai dire, ça me donnait envie de gerber purement et franchement. Et inutile qu'elle me ramène, ça bousillerai ma fierté d'homme. Autant avoir la tête haute et être mal en point, que la tête basse et être aidé. Moi j'aimerais dire : "Putain de fierté à la con".
Enfin, bref, tout ça pour dire que je n'allais pas, que je ne pouvais pas, et que je ne voulait pas rester ici. Point final.

-Ella, ne le prends pas mal, mais je n'ai pas envie de me mettre à dégueuler sur ton lit ou ton sol. Donc peut importe ce que tu diras, ce sera non. Je ne me sens vraiment... pas bien, alors ça suffit pour aujourd'hui. Je te promets de revenir te voir après-demain. Ne m'en veut pas.

Elle se pinça les lèvres. Elle allait pleurer. M'approchant brusquement d'elle, comme si ma blessure ne me faisait pas souffrir, j'encadrai son visage avec une mine dépitée sur le mien.

-S'il te plaît Ella, ne me fait pas subir tes pleurs. Ce n'est que quelques malheureux jours. En plus, tu as Strify avec toi, non? Je ne suis pas indispensable non plus! morigénai-je.

J'ignorai une quelconque phrase de sa part, j'étais décidé comme jamais. Syeri m'attendais comme un chien enragé.

-Tu es forte, plus forte que moi, alors ne te détruits pas pour quelques instants, et ne fait pas n'importe quoi, s'il te plaît.
...car je sais que tu en est aussi capable.

Je soupirai et me dirigeais à pas pressés vers la porte d'entrée, détournant malgré moi les yeux d'un visage parfait torturé par ma faute. Je murmurais, certain qu'elle l'entendrais :

-Ne me ramène pas non plus, tu détruirais ma fierté. Et puisque je suis certaine que tu me suivras de toute façon, je te demande de rentrer si je tombe, et de ne pas me rattraper. Enfin, ça compte seulement pour le "si tu me suis". Au revoir.

Fermant la porte, je failli me crouter sur le palier... Ça commençait bien... trèèèès bien.

J'en ai rien à battre que tu dégueules ! Tu peux même me dégueuler dessus, ça sera pas pire que tes mots !

La tête de la jeune femme n'était plus qu'un vide intersidéral. Un grand océan de n'importe quoi. De la brume par litres.

Quand il avait dit à Ella peut importe ce que tu diras, ce sera non, elle s'était écroulée. Elle était tombée affalée sur la canapé, tête baissée, bouche triste. La vampire avait beau se pincer les lèvres, il avait beau lui caresser les joues ou lui parler de Strify, elle n'arrivait même plus à défendre sa cause. Tout le monde finissait par l'abandonner de toute façon. Et elle n'avait même pas de daemon. Alors le maigre "non" qu'elle arriva à prononcer, ce n'est pas ça qui allait arrêter Jamie.

Ensuite, qu'est-ce qu'il a encore raconté comme connerie ?

Ella essayait de revivre le fil des évènements pour s'assurer qu'elle n'étais pas dans un mauvais cauchemard. Après tout, il ne pouvait pas l'embrasser, et deux secondes après, jurer qu'il n'avait qu'une seule et unique envie, se barrer... si ? Mais elle l'entendait bien partir. Elle entendait ses pas sur le parquet. Ah oui, il avait dit qu'elle était forte.

Et mon cul, c'est du poulet, peut-être ?

Mais il n'y avait rien qu'elle puisse faire. Elle aurait tenté. Et elle se serait bien viandée, c'était le moins qu'on puisse dire. En plus, il l'avait dit, il ne reviendrait même pas demain. APRES DEMAIN SEULEMENT. C'est quoi ce bordel ? Ella avait l'impression qu'on lui avait arraché tous les membres un par un mais qu'elle continuait de vivre. On a beau se régénérer vite, un vampire a mal quand même. Et là en plus, ça durait cette connerie. Ella renifla quand il ferma la porte. Les larmes de sang coulaient en silence. Encore.

Puis dehors, un bang. Quatre pattes dans la neige. Un juron. Des froissements. Son ouïe lui permettait de deviner ce qui s'était passé. Il avait commencé par tomber. Super. Et en plus, il lui avait interdit de l'aider. Supeeer. Joyeux Noël, Ella ! Meilleures voeux de bonheur.

J'en ai marre...

Dans le genre "je veux mourir", on fait pas mieux chez les vampires. Alors elle s'allongea. Elle allait se mettre en veille et attendre. De se momifier. Ou alors elle irait chez les néanteurs. Ils étaient sensés être des scientifiques. Elle aiderait la science en mourrant. ça pourrait être fun. Mais quelles que soient ses résolutions, elle ne ferait rien avant de dire quelque chose à cette espèce de cruche qu'elle aimait tant.

- Quand on aime on ne compte pas, hein ? Bah laisse-moi au moins compter le nombre de fois ou tu te ramasses la figure sur ce misérable chemin de merde ! feula-t-elle.

Et ce fut comme un cri dans le parc. Il ne pouvait qu'avoir entendu. Il la déchirait ! Il lui faisait plus mal que personne ! C'était comme des milliers d'aiguilles en elle. Elle se sentait plus mal que jamais. Pire que tout à l'heure. Pire, pire, pire. Puis, dans un dernier sursaut de haine et au milieu d'un sanglot, elle hurla (et là, même les néanteurs devaient avoir entendu) :

- Je te déteste !

J'étais dans la neige, à quelques mètres de la maison d'Ella. Je n'étais pas tombé, mais je ne voulais pas tomber, alors je m'étais assis dans la neige, en attendant que ma tête arrête de tourner. Soudainement, alors que je me sens prêt à me lever, j'entends le feulement assourdissant d'un Ella en colère.

- Quand on aime on ne compte pas, hein ? Bah laisse-moi au moins compter le nombre de fois ou tu te ramasses la figure sur ce misérable chemin de merde !
-Très marrant, Ella. Ton sens de l'humour me touche de plein fouet. Vraiment, merci. Si je n'étais pas comme ça dans la neige, j'aurais certainement hurlé de rire. ironisai-je.
-Ah ah, elle te hais, ELLE TE HAIS!
-Eh mais, elle ne l'a pas encore dit! m'énervai-je en fixant méchamment Syeri.
- Je te déteste !

Un rire parait jusque dans mes os. C'est Syeri. Elle se roule par terre et hurle mentalement en rigolant à moitié "Ah, j'en peut plus, de l'air, de l'air! Je vais mourir !"

-Très drôle. Et je fais quoi maintenant
-Tu entres dans la maison et tu te fais buter sur-le-champ.
-Meure en silence, au lieu de ramener ton cul.

Revoilà Syeri dans une crise de fou rire. J'ai envie de dire "Tu as raison, il faut que j'aille la voir", mais je m'en retins. Je soupire et serre les poings. Je vois parfaitement toute la maison empli d'un "karma" totalement maléfique. Absolument horrible. J'ai même pas envie de bouger. J'hésite même à tenir ma promesse de revenir dans 2 jours. Quel con je fais.

-Un peu tard pour t'en rendre compte. pouffe Syeri.

Soudainement, je frappe le sol avec mon poing droit. Des blocs de glaces jaillissent devant moi, et je les évitent au dernier moment, même si je me suis coupée un peu le bras. Depuis quand mon pouvoir s'attaque-t-il à moi? Je suis assez loin de la maison, et je pense être assez loin pour qu'elle n'ai pas remarqué que je saigne. Enfin, j'espère plus que je ne crois.
Je soupire à nouveau et me relève, en position pour rentrer chez moi rapidement. Viva la vie, j'ai envie de répondre à ça. Inspirant un bon coup, je cris en direction d'Ella.

-Moi aussi je t'aime!

Là, ç'en était trop. Elle avait bien eu envie de se laisser mourir, mais son "Moi aussi je t'aime!", c'était du foutage de gueule. D'un bon, elle se releva. Elle était en débardeur et lingerie, parce qu'elle avait enlevé sa robe tachée quand elle s'était couchée, mais elle s'en fichait royalement. Tout comme elle s'en foutait totalement d'être pieds nus dans la neige et d'avoir l'air d'une folle à courir dehors. Elle n'en avait rien à faire non plus d'avoir laissé la porte ouverte.

Elle courut jusqu'à Jamie, qu'elle avait pu suivre par les sons qui lui parvenaient encore. Mais quand elle arriva, elle fut bien obligée de mettre sa colère de côté. Non seulement, il était misérablement affalé dans la neige, à grelotter de froid, mais en plus, allez savoir comment il avait fait, il était presque encerclé par les blocs de glace et s'était coupé le bras. Elle posa une main sur sa hanche.

- T'es vraiment, mais alors, vraiment pas doué.

Elle s'approcha et lui prit le bras de force. Elle vit la peur sur son visage mais se contenta de lever les yeux au ciel.

- Détends-toi, Casanova, je ne vais pas te tuer. Tu ne m'as pas encore appelée.

Alors, elle lécha (très rapidement) la plaie et, quand celle-ci fut propre, elle se mordit la main et répéta l'opération de tout à l'heure, à savoir faire goutter, et attendre.

- Putain j'avais fait ça qu'une fois en 696 ans, et voilà que je le fais deux fois en deux heures ! T'as de la chance que ce soit Noël !

Ensuite, elle prévint :

- T'as pas intérêt à protester sinon je te baillonne.

Alors, elle attrapa Jamie par les côtes, et le jeta doucement sur son épaule, et fit de même avec Syeri. Elle tentait bien de la griffer, mais Ella, gonflée à bloc par son repas, guérissait instantanément. Elle rentra donc chez elle et monta à l'étage, où elle reposa Jamie sur son lit, et Syeri sur le fauteuil.

- Tu m'écoutes et tu te tais ordonna-t-elle au jeune homme. Je vais te chercher un T-shirt propre chez Strif', je te fais un grog chaud, et je reviens.

Elle passa la porte et se retourna au dernier moment.

- Ah, et pour info, c'est pas vrai.

Ella était persuadée qu'il savait de quoi elle parlait.

Bon d'accord, j'aurai pas dû parler. Je serai rentré chez moi en moins de deux. Mais j'avais parlé trop vite, et tout c'était bousculé dans ma tête. J'étais chez elle. Chez Ella.

Eh Meeeeeeerde!!!!!!
J'ai fait quoi pour mériter ça? D'accord, je me tais. Syeri était folle de rage. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Elle avait envie de défoncer la chair d'Ella avec ses propres crocs. Le problème, c'est qu'elle savait parfaitement qu'Ella ne lui ferai rien, puisque Syeri était avant tout mon daemon. Ça lui donnait un point. Si elle voulait l'assommer, je serai aussi assommer. Tel est la dure vérité. Ella nous avait quitté dès qu'elle avait dit qu'elle avait menti. Menti? J'espère qu'elle parle bien d'avoir menti quand elle m'a dit qu'elle me détestait.
Enfin, j'étais destiné à rester ici. J'étais destiné à devoir vomir ici T_T. J'ai fait quoi à la Lune pour qu'elle s'énerve contre moi? J'étais sur le canapé. Je me relevais, subissant tout les hurlements de mon corps. En fait, tout ceci n'était rien comparé à la haine accumulée sur Syeri. Elle s'était blotti dans un coin de la maison d'Ella, en tâchant de marquer son passage, c'est-à-dire en défonçant toutes les choses environnantes. Elle me faisait dos, avait la tête basse, et proférai des jurons encore inconnus de la langue humaine en murmurant des tonnes de choses parfois inaudible.

-Putain, mais pour qui elle se prend, cette ( Cette partie a été censurée pour causes de jurons exagérés, merci de ne pas imiter ceci )... Non, mais sérieusement, je fais lui faire payer...

Je levais les yeux au ciel. Soudainement, Syeri se leva et se mit sur ses deux pattes pour ouvrir la porte. Elle ne daigna pas s'ouvrir. Les jurons repartirent de nouveau.

- ****** de *****, cette ****** de **** *** a fermé la porte à clés, je vais la ****** et la **** jusqu'aux os.

Calme Syeri... Toujours aussi gentille et attentionnée. Va falloir que je m'explique avec Ella. J'avais envie de sortir d'ici, mais je savais avant Syeri que je ne pouvais pas partir.
J'entendis des grattements sur le parquet. Me retournant brusquement, j'hurlai :

-Syeri, t'es en train de bousiller tout le parquet d'Ella, elle va me tuer.
-Elle va nous relâcher... Elle va nous relâcher... Je vais la tuer... Je vais la détruire, je vais détruire ce satané démon.

Elle est folle. La porte s'ouvre. Ella apparaît, sans émotion.

Je vais me faire tuer.

Je soupirai en rentrant dans ma chambre. Syeri était furieuse et avait fait ses griffes sur le parquet. Elle feulait, crachait, et j'aurais mis ma main au feu qu'elle crevait d'envie de me sauter à la gorge. D'un côté, ça aurait réglé la situation... Mais pour ce qui était du parquet, je m'en fichais comme de l'an quarante : il avait déjà été bousillé quand j'avais mangé un oiseau qui avait explosé entre mes crocs. Le sang avait été impossible à récupérer. Bref.

- J'ai pas fermé à clef, dis-je sans intonation particulière. Ce sont des poignées de porte "boutons" : ça se tourne, pour s'ouvrir.

J'avançai dans la pièce et balançai un steak de renne sur la tête de Syeri. Oops (a). D'un autre côté ça fait pas mal, de la viande U_u.

- C'est de ma collection personnelle, espèce d'ingrate. Je le gardais pour mon réveillon.

Et soupirant encore, je sautai sur le lit. Je pris autoritairement les bras de Jamie et lui enfilai le pull que j'avais chipé chez Strify, comme à un gosse qui ne sait pas s'habiller lui-même. Alors, je m'allongeai à côté de lui, toute triste. Je lui tendis une tasse qui fumait encore que j'avais posée sur la table de chevet.

- Lait, miel et rhum. Pas de poison, don't stress. raillai-je.

Je soupirai et appuyai ma tête sur l'oreiller. S'il tentait encore une échappée, je n'allais pas le retenir (encore). ça ne servirait à rien de toute façon. Oh, et puis je n'avais pas envie de le séquestrer, non plus ! Mais j'espérait franchement qu'il allait rester, maintenant qu'il était là.

- Maintenant, vas-y, dis moi que je suis une putain de têtue qui n'écoute rien ni personne et ne respecte pas ses amis. ronchonnai-je.

Sur ce, je me redressai sur un coude et contemplai Jamie.

- Même si je considère que tu es plus qu'un ami... je t'aime tellement Jamie. ça me fait peur de te voir comme ça. Je n'ai pas seulement peur que tu te fasses mal en rentrant chez toi, je sais que Syeri te protègerait etc. Une partie très égoïste de moi a aussi trop peur que tu ne reviennes pas.

J'étais soulagé. Premièrement, Ella ne m'avait pas tué, ce qui était une bonne nouvelle. Deuxièmement, j'étais bien installé, et le fait qu'Ella ai ramené ne serais-ce qu'une chose pour la gorge, même pour assouvrir de boire, me faisait énormément plaisir. Troisièmement, Syeri entamai déjà le bout de rennes que lui avait refilé Ella, sans broncher.
À ceci je ne pu m'empêcher de piquer une remarque :

-Alors c'est bon, hein?
-La ferme, j'ai faim, je mange.
-Et alors? C'est quand même Ella qui te l'a donnée. Tu pourrais la remercier.
-Plutôt crever.

Me tournant joyeusement vers Ella, je lui dis, de mon sourire qui en dit long :

-Syeri te remercie joyeusement pour le cadeau que tu lui as fait.

Puis, je me mis à rire.
Ayant repris mes esprits, je pris la tasse et la prit en pleine main, avant de la reposer brusquement sur la table de chevet. Sous l'effet de la surprise, je ne pu m'empêcher de crier.

-Putain, mais c'est que c'est sacrément chaud ce truc. soupirai-je, comme pour m'excuser de mon cri. Ah! Aussi, pour éviter de te faire davantage un peu plus peur, je vais rester ici, puisque tu sembles y tenir particulièrement, et je m'excuse pour t'avoir énervée. soupirais-je en détournant les yeux.
J'étais persuadé qu'elle me comprendrait et qu'elle m'excuserait même si ces paroles n'eurent pas été prononcé, mais je tenais à lui faire part de mes bêtises. Quand on aime quelqu'un, on lui raconte tout. Mon cas n'est pas différent, donc je m'y applique aussi.
Plongée dans ma réflexion, j'embrassai au hasard les lèvres d'Ella, et me coucha sur le lit, les mains derrière la tête. Puis, je fermais les yeux.
Doucement, mais certainement.

-Si tu veux, je pourrais te dire "Je t'aime" des centaines, voir des milliers de fois. Dès que tu me le demanderas, je te répondrais.

J'avais chuchoté cette parole, et je savais très bien qu'elle n'avais certainement pas échappée à l'oreille d'Ella. Tant mieux, j'espère que ces mots la touchent autant qu'à moi qui les prononcent.
Je n'ai jamais été facile avec l'amour, et je ne suis encore qu'un misérable "débutant". Mais pourtant, c'est comme si avec elle, ce n'était pas une découverte. Vous me direz certainement : "C'est l'impression qu'ont toutes les personnes débutants dans une matière.", mais moi je ne pense pas. Je ne pense pas que l'amour s'apprend.

Parce que quand on aime, on ne compte pas.
On s'aime simplement.
-Je t'aime comme ma propre vie, Ella.