Le silence est un mutisme [PV John]

Vous savez ce qui est le plus terrible, lorsque l'on hait une partie de soi-même ? Enfin, lorsque je parle de haïr, c’est jusqu’au plus profond de soi-même. Une haine telle que l’on ne peut plus se regarder dans un miroir sans être sur le point de vomir devant son reflet. Une haine telle envers soi-même, que seulement peu de personnes l’ont réellement je pense. Après tout, on entend tellement souvent des « Je m’aime pas » à tout vas maintenant. Des « Je m’aime pas » absolument tout sauf pensés. Uniquement dis pour être consolé dans sa vision que l’on a de soi-même. Uniquement dis pour que l’on nous dise et redise que l’on est beau ou belle. Mais non, ce n’est pas de ça que je parle. Ce n’est pas non plus de ces haines envers soi-même passagères, que l’on a quelques temps, et qui, un beau jour, commencent à disparaitre. Non, celle dont je parle est bien plus profonde. Bien plus vraie. Celle dont je parle est celle qui nous poursuit toute notre vie, qui nous brise, plus ou moins lentement. Eh bien, vous voyez, cette haine-là, je l’ai. En fait, pas exactement contre moi entièrement, mais une partie de moi. Malgré tout, une partie de moi assez grande, pour qu’elle me fasse parfois vomir. Oui oui, je parle bien de cette part lycanthrope en moi. De ce loup-garou en moi… De ce loup-garou que je suis.
Vous devez vous demander pourquoi je vous parle de ça, n’est-ce pas ? En fait, c’est tout bêtement parce qu’aujourd’hui, nous ne sommes même pas une semaine après la dernière pleine lune. En d’autres termes, j’ai toujours en moi le choc de ma dernière transformation. Sans compter que, après celle-là, j’avais eut la mauvaise idée de retourner sur les pas de la bête. Ce n’est pas la première fois que je vois l’horreur de mes actes lorsque je suis cette chose, mais cela fait toujours un choc. Et déjà qu’il me faut généralement deux ou trois jours après la pleine lune pour m’en remettre un maximum, dans ces cas-là, il me fallait à peu près une semaine. Vous trouverez peut-être ce temps exagéré, mais que voulez-vous, je pense que c’est cela qu’on peut appeler un traumatisme.
Quoi qu’il en soit, je ressemble généralement souvent à un zombie dans ces périodes-là. Et c’est pour cette raison-là que je me suis préparé comme un automate, avant de sortir. Je ne sais même pas pourquoi je suis sortit, je ne sais même pas où je vais. Je marche, c’est tout. Et pourtant, c’est comme si j’étais physiquement présent, bien que mentalement ailleurs. Oui, la dernière pleine lune était vraiment récente… Mais je n’y pouvais rien, les images du corps me revenaient sans cesse en tête, sans que je puisse rien faire contre…
Perdu dans ces… Pensées… Je n’entendis pas une jeune fille venir me parler. Ce n’est que lorsqu’elle se fut de nouveau éloignée de moi, que je réalisais ce qui venait de se passer.
Me disant qu’aller la voir et lui demander pourquoi elle pleure pourrait toujours être plus civilisé que de l’ignorer lamentablement une seconde fois, je me dirigeais vers elle, puis m’accroupit à côté de la jeune fille aux cheveux rouges.
Je ne dis rien. Je ne voulais pas parler. Je n’en avais pas la force, en ce moment. Alors, muettement, je lui demandais ce qu’elle avait, pourquoi elle pleurait. Espérant malgré tout qu’elle comprenne, et qu’elle ne se demande pas pourquoi je restais à côté d’elle, à l’observer, sans rien dire.